Pour cette raison, c’est le premier jeu que j’ai choisi pour cette nouvelle chronique Nostal-jeux (pour nostalgie jeux rétro), qui se concentrera généralement sur les jeux inclus sur les consoles « classic » ou « mini ».
J’ai dû avoir essayé toutes les combinaisons de personnages possibles, les avoir montés jusqu’au niveau maximal de 99, les avoir équipés des meilleures armes, armures et magies, avoir le maximum de potions, etc… J’y ai vraiment passé une éternité à jouer mais j’ai toujours et encore envie d’y retourner.
Que rend ce jeu légendaire ? Il n’y a pas un élément unique, mais un ensemble d'éléments :
- Le boitier, la carte du monde, la charte des monstres
- Le scénario, les PNJ (NPC) et leur dialogue
- La musique / les effets sonores
- La difficulté
- La quantité et variété de monstres
- Un système de combat RPG classique simple mais efficace
- Le graphisme / les effets visuels
- Le design des donjons
- Les missions
- Les souvenirs inoubliables : Warmech, chemin de croix
- Le « easter-egg »
Le contenant
Commençons par ce que l’on appelle communément de nos jour l’unboxing, ou le déballage. On ne peut pas juger un jeu par son contenant, mais WOW! Tenir cette petite boîte de carton dans mes mains comme enfant me donnait des frissons, j’appréhendais la merveilleuse aventure. Le noir immersif, l’infinité de détails.
Couverture de la boîte de Final Fantasy (Source : The Cover Project).
Ensuite on brise le petit sceau de Nintendo, on ouvre la boîte et on découvre un énorme guide de l’aventurier (ce qui est très rare) en plus de deux cartes recto-verso géantes représentant la carte du monde, des donjons et des monstres. Ceci met littéralement sur table une vision d’ensemble de l’aventure qui nous attend.
Finalement, on sort la cassette, on sent la bonne odeur de plastique neuf et on l’insère dans la NES. On pèse sur le bouton POWER, et boom !
Le scénario
Certains jeux rétros n’ont aucune histoire, parfois une page ou deux dans le manuel, mais dès que le jeu commence ce n’est que l’enchaînement d’un niveau après l’autre (exemple : Super Mario Bros.). Dans Final Fantasy, l’histoire se développe au fur et à mesure que le jeu avance. Une belle touche est le message qui défile lorsqu’on passe le premier pont. Les PNJ (Personnages non-joueur) primaires et secondaires nous donnent des indices et des objets cruciaux pour la prochaine étape de notre aventure, nous racontent un peu leur situation actuelle et leur passé.
On explore donc un monde près du concept open world car on peut souvent explorer des régions dans un ordre aléatoire, entrer dans des donjons, des villes, des grottes, sans nécéssairement pouvoir les compléter dès la première visite.
Au final, on aura parcouru les quatre coins du monde (littéralement) pour battre les démons de la terre, du feu, de l'eau et du vent. Ceci débloquera le donjon de la fin qui se retrouve au centre du monde, où l'on retournera 2000 ans en arrière pour combattre le boss final dans sa forme initiale, Chaos.
L'univers sonore
Il faut comparer les pommes avec des pommes. La console NES ayant ses limites technologiques, comment se comparait FF1 avec les autres jeux sur la NES ? Je crois fermement que le compositeur Nobuo Uematsu a fait un travail fénoménal. Il a créé les fondations musicales d'une franchise qui est encore active aujourd'hui. Certains en font d'ailleurs des bon medleys. Les thèmes de FF1 sont repris dans toute la série. Ce qui engendre un nostalgie garantie, un point de repère instantanné. D'ailleurs, toutes les grandes séries n'ont-t-elle pas un thème accrocheur ?
Bien que la piste sonore soit très répétitive (toujours la même dans les combats, une seule pour le monde extérieur), on ne s'en lasse pas.
La difficulté
Personnellement, j'aime bien quand un JRPG classique nous donne un petit défi et que l'on doivent farmer un peu pour améliorer les propriétés nos héros et accumuler de la monnaie. Ceci promeut le sentiment du devoir accompli. Quand c'est trop facile, on apprécie moins et on passe un peu à côté de la réalité que nos protagonistes vivent. FF1, dans sa version originale, a un bon niveau de difficulté et le farming est éventuellement une nécessité. Le remake Final Fantasy I & II: Dawn of Souls que le retrouve sur la GBA n'est pas calibré de la même façon. On a adouci le système de récompenses pour pratiquement enlever le besoin de farming. Certains diront que c'est mieux comme cela et je comprends que la réalité des jeux et joueurs d'aujourd'hui n'est plus la même. Les jeux peuvent être beaucoup plus long donc il n'est pas nécessaire d'allonger artificiellement la durée de vie en imposant une difficulté extrême qui résulterait en un grand nombre de répétitions.
Les monstres
En veux-tu des monstres ? En v'là ! FF1 possède un surprenant bestiaire de 128 monstres. Si on compare à Super Mario Bros. (16 ennemis) ou Metroid (35) deux jeux légendaires, FF1 le remporte haut la main. Comparé à un RPG de la même époque, Dragon Warrior (40), la différence est encore frappante avec un ratio de plus de 3 pour 1. Par dessus le nombre, la qualité est aussi au rendez-vous. Étant un amateur de l'art du pixel, j'apprécie beaucoup tous les petits détails ainsi que la gamme et l'agencement des couleurs utilisées. Chaque monstre a aussi ses attaques particulières, ses forces, ses faiblesses, bref, on a droit à une variété de rencontres qui ne sauraient être prévisibles.
Système de combat
Qu'attendons nous d'un système de combat d'un RPG classique ? Personnellement, j'apprécie la simplicité et la rapidité. Les menus doivent être simples et les dialogues doivent se limiter au strict minimum. C'est exactement le fonctionnement dans FF1.
Le seul défaut est que l'on peut faire une attaque dans le vide. Ceci survient lorsqu'on cible le même monstre pour deux héros ou plus, et que le monstre meurt avant que le dernier héro puisse effectuer son attaque. Ce fut corrigé dans les versions subséquentes, en ridirigeant l'attaque au monstre suivant. Petite correction simple, mais qui réduit la frustration et augmente grandement l'efficacité d'un combat plus le nombre d'ennemis est grand.
Les attaques ainsi que les magies ont une efficacité aléatoire. On ne peut donc jamais prédire le résultat. Certaines attaques ou magies peuvent aussi avoir aucun effet. On doit donc piloter chaque bataille judicieusement pour bien gérer nos points de magie (MP) et bien planifier nos attaques.
On retrouve au final un système de combat bien balancé.
Le visuel
Gardant en tête les limitations de la console, comment situer FF1 par rapport aux autres succès de la NES ? Personellement, je trouve le bestiaire, les villes et la carte du monde très bien colorés et dessinés. L'écran de combat est immersif dans son ambiance avec fond noir, parfait pour une aventure nocturne. J'en ai justement vécu des tonnes ! On ne voit pas le temps passer. Avec le nombre limité de pixels, les monstres ont des expressions et des allures de brutes tout en ayant une palette de couleur intéressante.
Le plus important, c'est l'émotion que procure la rencontre des pires brutes qu'on pourrait imaginer. En un clin d'oeil, on reconnait chacun des 128 monstres; aucune ambiquité. Le résultat aurait pu être différent si on était sur une console qui a précédé la NES, comme l'Atari 2600, qui pourrait limiter le nombre de pixels à un point ou l'on aurait une certaine difficulté à reconnaitre les formes, donc l'identité des monstres.
Les donjons
Bien que FF1 ait une grande carte du monde à explorer avec de multiples villages, la majorité du temps on patrouille l'intérieur lugubre d'un donjon. On doit bien se préparer et bien doser entre témérité et sûreté car un périple peut prendre plus d'une heure si l'on veut explorer chacune des pièces, chaque coffre et chaque case de chacun des nombreux étages. Le troisième niveau de la caverne de Marsh est l'un de ceux qui demande beaucoup d'exploration.
Troisième niveau de la caverne de Marsh (Source : uffsite.net)
Je préfère y aller par itérations, étage par étage avec un retour à l'auberge pour recharger les protagonistes. On est toujours tenté d'aller visiter la prochaine pièce, mais... ça pourrait être une erreure fatale qui mettra fin à votre aventure ! Souvent, les architectes du jeu ont soigneusement placés des pièges à des endroits stratégiques. Finalement, quand tout a été exploré, je faire une course contre la montre (speedrun, aucune traduction existe au moment d'écrire ces lignes, je me permet une traduction libre du terme), prenant le chemin le plus court ou le plus sûr pour me rendre au boss le plus fraîs que possible... en théorie.
Les missions
Il n'y a pas vraiment de missions secondaires (side quest), la plupart, si ce n'est pas la totalité, sont sur le ligne principale et requises pour terminer le jeu. Ceci ne diminue pas l'enthousiasme entourant les missions. L'obtention d'un mystérieux objet permettant de débloquer l'aventure est très satisfaisant. Par contre, si on manque un petit détail, on peut tourner en rond pendant un certain temps.
Les souvenirs inoubliables
Le Warmech
Si vous avez déjà rencontré un Warmech, je sympathise avec vous. Mais en même temps, vous savez que c’est tout un redoutable adversaire et qu’il vous donnera des sueurs froides et du même fait, beaucoup d’émotions. C’est ce que l’on recherche dans un jeu vidéo et cette bête vous donnera des cauchemars.
Le fameux Warmech de Final Fantasy.
Je ne l’ai rencontré qu’une seule fois et je m’en rappelle encore aujourd’hui, 30 ans plus tard… ça vous donne une idée. On ne peut que le rencontrer sur le pont menant au quatrième boss, dans la forteresse volante, et ce de manière aléatoire avec un très faible pourcentage de chance. Pour donner un peu de contexte, vous êtes déjà pas mal amochés après avoir parcouru tout le donjon, et vous vous apprêtez à rencontrer le boss, mais pas tout de suite. Vous traversez un petit pont anodin avec comme attente d’avoir à repousser une ou deux attaques de monstres insignifiants. Et tout à coup, un curieux monstre inconnu, seul. La bataille commence, et en un clin d’œil, vous vous retrouvez avec quatre héros morts. Tout est perdu. Tout le temps, tous les points d’expérience et tout l’or obtenu, car, rappelons-le, il était impossible de sauvegarder une partie sans sortir du donjon. Vous venez d’être initié au Warmech.
Chemin de croix
Bien qu'il pourrait être utile pour ce qu'on appelle communément le farming, un segment du donjon de la terre est un véritable chemin de croix. Le premier niveau de la grotte de la Terre vous offre cinq choix de chemin. Deux d'entre-eux forment en faite une boucle dans laquelle vous allez vous enliser tel du sable mouvant. À chaque case que vous avancez, vous rencontrerez automatiquement des monstres. Après deux ou trois, vous vous dites « Bordel, pas de chance aujourd'hui ! », mais après cinq, dix, QUINZE !!, on ne plaisante plus ! C'est une véritable trappe et dès qu'on y sort, si on s'en sort, on doit judicieusement retouner au village le plus près pour se refaire une santé. On ne l'oublie pas, même c'est quand même moins brutal qu'un seul Warmech.
Le « Easter-egg »
Ce ne sont pas dans tous les jeux qu’on retrouve un easter egg, et certainement pas dans tous les jeux qui ont régné leur génération. C’est donc avec un peu de surprise qu’on retrouve un mini jeu caché dans FF1 sur la NES. On l’accède lorsqu’on se promène en bateau en appuyant 50 fois consécutives sur les boutons A et B simultanément. Ceci fera apparaitre un casse-tête de cases glissantes. En fait, quand vous êtes vraiment dans le trouble financièrement, il peut vous être utile car le compléter vous apportera 50 GP, vous permettant de passer une nuit dans l’auberge du village de départ.
D’autres easter-eggs sont documentés, comme la mention de Link sur une pierre tombale, mais le casse-tête est très clairement le plus considérable.
Conclusion
La fébrilité que j'avais la toute première fois que j'ai tenu la cassette de Final Fantasy dans mes petites mains d'enfant ne s'est jamais estompée. J'y retournerai certainement encore quelques fois ici et là. Ce qui est bien de revenir à un jeux qui a amassé la poussière, c'est qu'on oublie certaines facettes. On le redécouvre une nouvelle fois.
J'ai tout récemment appris qu'une version sur 3DS a été publiée, mais sur le marché Japonais seulement. Ça serait tout un cadeau de vivre l'expérience 3D d'un jeu aussi légendaire que FF1.