L’âge n’est pas le seul défi, il faut aussi connaitre l’équipement, avec une bonne forme physique autant musculaire que cardiaque, et connaitre les techniques de maniement de rondelles et de patinage. Par où commencer ? Je vous partage ici mon cheminement. Si vous êtes dans la même situation, il vous serait probablement utile.
Inuksuk fait à partir de rondelles de hockey.
Équipement
Avant tout, il m’a fallu me procurer l’équipement complet de joueur d’avant. Je ne m’intéressais pas à être gardien. J’avais déjà une paire de patins que j’avais utilisé quelques fois dans la dernière décennie. Ça m’a pris un an pour m’en rendre compte, je n’avais pas la bonne pointure, ils étaient trop petits d’un point ! Bien entendu, j’avais mal aux pieds, mais je croyais que ça faisait partie du développement des muscles des pieds. Donc premier conseil, si vous n’êtes pas certain de la pointure dont vous avez besoin, vérifiez les chartes des fabricants. Généralement, pour les pointures séniores, vous devriez utiliser votre pointure de chaussure moins 1.5. Donc si vous portez du 10.5 de chaussure, vous porterez du 9 de patins. Ce n’est pas un standard, mais presque étant donné que CCM et Bauer utilise ces mêmes mesures. Bref, j’avais une bonne excuse pour me procurer de nouveaux patins.
Pour le reste de l’équipement, ça n’a pas été une évident de tout rassembler car c’était l’été et l’été l’équipement d’hockey se fait rare et l’on doit faire plusieurs magasins pour trouver un équipement complet. Étant entre deux tailles selon les mesures des manufacturiers on me conseillait moyen dans certain magasins et grand dans d’autres ! J’ai finalement opté pour grand en me disant que j’allais prendre du muscle mais je n’avais pas pris en compte l’éventuelle perte de gras ! Règle générale, allez essayer de l’équipement au magasin et vous saurez ce qu’il vous fera. Surtout, essayez les épaulettes, pantalons, protèges coudes et gants ensemble car ils doivent se rejoindre au bon endroit pour bien protéger et ne pas obstruer les mouvements.
Une pièce devant laquelle j’ai agonisé dans l’embarras du choix est la paire de gants. Je n’arrivais pas à choisir entre le 14 po ou 15 po. Le 14 po me semblait un peu petit, j’ai donc opté pour le 15 po. Grosse erreur due au manque d’expérience ! J’avais en tête l’ajustement d’une paire de gant de neige et non de hockey. Finalement, je me suis procuré une seconde paire, dans le 14 po cette fois ci.
Pour le bâton, ce fut tout le contraire, j’ai acheté un bâton aléatoire avec le nom CROSBY dessus. Plus tard, je me suis rendu compte que la rigidité (ou flex) du bâton était trop élevée pour moi (selon ma grandeur et poids sur les chartes) et qu’il me faudrait un autre bâton. Ensuite vint le protège cou. J’ai opté pour un modèle en Kevlar très léger et non rigide. Je ne m’y suis jamais habitué car il ne restait pas en place et le velcro finissait tout le temps par m’irriter. Quelques années plus tard, j’ai essayé un produit similaire mais qui descendait sur la poitrine sous l’équipement protecteur. Ça fini par ressembler à un col roulé ! À ma grande surprise il tenait très bien en place comparé à l’autre modèle et je me suis habitué dès le premier match.
Patinage libre
Une excellente activité pour apprivoiser les techniques de patinage de base est le patinage libre. Étant une activité gratuite, elle m’a permis d’acquérir un peu d’expérience et de développer certains muscles sans me ruiner (louer une patinoire dans une aréna peut coûter environ 200 $/heure). Cependant, pour des raisons de sécurité, on ne peut que suivre le mouvement circulaire du groupe. Donc aucune accélération, freinage, pivot, ni aucun maniement de rondelle, etc.
Hockey libre
La patinoire utilisée pour le hockey libre. Aucune personne ce matin.
Une fois qu’on peut tenir solidement sur ses patins, le hockey libre devient naturellement la prochaine étape. J’ai été très chanceux dans mon cheminement, car l’année ou deux que j’ai participé à cette activité gratuite organisée par la ville, pratiquement personne se présentait, voire souvent PERSONNE ! J’avais donc la patinoire à moi seul avec un ami qui faisait le même cheminement.
Cela nous a permis de pratiquer toutes les techniques de patinage, de faire des parcours avec rondelle et de pratiquer nos lancers. Bref, des pratiques de hockey en bon et due forme. Il n’y a rien de plus plaisant que de se lancer sur une glace neuve et miroitante d’une patinoire à 8 h du matin. On foule la glace de quelques coups de patins pour la graver comme le fait un graffiteur sur une muraille fraîchement repeinturée. On respire de l’air frais et on est énergisé pour le restant de la journée.
Hockey improvisé
Éventuellement, il faut aussi jouer ! Mais jouer dans une équipe de niveau ultra-débutant semblait impossible. C’est là que le hockey improvisé (ou pick-up hockey) entre en scène. J’ai été chanceux de trouver un groupe d’hockey d’été dans lequel il n’y avait aucune attente sur nos performances et les joueurs les plus avancés du groupe ajustaient leur jeu à la moyenne du groupe.
Cette expérience m’a permis d’identifier quelques points à travailler, en priorité la force dans mes chevilles et mon cardio. En même temps j’ai appris à mieux m’hydrater avant une partie, mais surtout à apprécier la camaraderie entre amis autour d’une grosse bière froide et d’une bonne portion de friture ! Cours de développement des habiletés
Une étape qui est finalement accessible à tous, est de faire des cours de développement des habiletés de patinage et de maniement de rondelles. Ces cours sont offerts pour tous les niveaux, incluant des adultes débutants. À l’intérieur même d’un cours, les participants sont assignés à des sous-groupes homogènes pour que le niveau d’habileté soit bien balancé. J’ai bien sûr commencé au plus bas niveau. L’enseignement reçu ne m’a pas permis de devenir un expert instantanément, mais m’a permis de bien connaitre chacune des techniques de patinage. Je pouvais ensuite retravailler le tout au hockey libre jusqu’à l’acquisition de la technique. Quand j’y repense aujourd’hui, ces cours ont été un excellent investissement.
Aide-parent
Un endroit assez inusité ou vous pouvez acquérir des connaissances et de l’expérience en hockey, c’est en vous impliquant en tant qu’aide-parent bénévole auprès de votre association de hockey locale. J’ai fait cette étape avant tout ce que vous avez lu ci-haut. Je voulais tout simplement être là pour mon enfant, pour lui donner confiance dans ses premiers pas dans ce merveilleux sport, mais j’avais personnellement aucune compétence ni expérience. J’étais probablement plus stressé que les enfants !
Mes patins étaient trop petits, j’avais les chevilles faibles, je savais à peine comment patiner vers l’avant. Mais petit à petit, en pratiquant chacune des leçons avec les enfants, j’ai fini par prendre confiance et assimiler de nouvelles connaissances. Étant une personne autodidacte qui apprend comme une éponge, avoir un accès privilégié sur la glace a été une partie énormément importante de mon développement. Non seulement cela m’a permis d’apprendre en écoutant et en observant les entraîneurs expérimentés que j’assistais, mais, sans que cela n’eut été mon objectif initial, on peut dire que ça a en fait été comme si je suivais le programme moi-même… et du temps de glace supplémentaire à coût nul !
Ligue pour adultes
L’accomplissement final de toutes les étapes de ce cheminement fût de me joindre à une équipe dans une ligue pour adultes, ce qu’on appelle familièrement une ligue de garage (ou beer league). Ce n’est pas toutes les ligues qui acceptent des débutants; certaines sont très compétitives même au plus bas niveau.
Je me suis donc joint à une équipe formée d’autres joueurs comme moi, qui finira la saison en bas du classement de la neuvième et dernière division ! L’équipe s’est bien sûr améliorée par la suite, avec le départ de certains joueurs et l’arrivée de très bons joueurs. On a appris à gagner en équipe, mais surtout, à festoyer au resto-bar après une bonne victoire (ou d’une défaite!) autour d’une pizza peppéroni-fromage et d’une bonne bière froide !
Coéquipiers entrain de festoyer après une victoire.
La fameuse pizza peperoni-fromage. Gratuite si on est 6 ou plus à boire !
Conclusion
Ce que je retiens après toutes ces aventures, c’est qu’il y a toujours quelque chose à apprendre ou à améliorer quand on pratique un sport qu’on aime comme le hockey. Que ce soit la forme physique, les techniques de patinage, d’équilibre, de maniement de rondelle, de compréhension du jeu, il y aura toujours une facette à pousser au prochain niveau. Ça nous donne tout d’abord un objectif, qui se transforme en motivation, et qui se traduisent par des actions qui mènent à des résultats.
Quelques années plus tard, maintenant initié à un sport fantastique, on peut dire que j’ai atteint mon objectif initial : jouer au hockey. Ce qui était auparavant qu’un rêve loufoque semblant inatteignable, est maintenant une réalité. Je l’ai réalisé durant une partie, un certain soir d’hiver. Je me positionnais pour une mise au jeu à l’aile droite en zone défensive, j’étais là, sur la glace, concentré sur le mouvement de l’arbitre qui allait remettre la rondelle en jeu. Le bonheur, pur et simple.
Maintenant une dizaine de kilos de gras en moins, plus en forme, plus flexible, j’ai participé à ma première course de 5 km. Mon objectif est maintenant de 10 km. C’est motivant de voir du progrès, en pensant que je faisais à peine 100 mètres il y a quelques années.
Ma prochaine aventure… la guitare !